Les mots de Krebs

Quand la Compagnie Ayé PaniK investit l’espace public, ça donne quoi ?
 
La Cie a été créée en juillet 2021, pour le spectacle La Tour en Liberté, dans le cadre des 900 ans des Médiévales de Crest, sur le plus haut donjon de France.
Ce fut un magnifique challenge autant technique qu’artistique : un monolithe de 52 mètres de haut, encore habité de la mémoire des prisonniers, avec ses entrailles de béton recouvertes de graffiti.
Car pour jouer, l’on doit tendre nos cordes, s’accrocher partout où c’est possible. Notre scénographie laisse parler les lieux qui nous accueillent. Comme les indiens, une fois partis, nous ne laissons aucune trace visible.
 
Mais qu’est-ce que la Compagnie Ayé PaniK si vous ne la connaissez pas encore ?
C’est une usine vivante à fabriquer des OCNI.
Définition d’OCNI : Object Circassien Non Identifié, qui brouille les repères et sème la confusion.
 
La confusion fait partie du gène panique et l’un des objets de la Compagnie Ayé PaniK est de rendre incertaine la frontière entre le rêve et la réalité.
 
Pour approfondir le sujet, nous vous invitons à lire ci-dessous, un morceau choisi du Guide intitulé « Organiser un événement artistique dans l’espace public » par Jose Rubio aux éditions ARTCENA :
 
« Depuis plusieurs décennies, les arts de la rue se développent avec une vitalité extraordinaire. (…) On se souvient, on s’émerveille, on se raconte des années après l’image d’un spectacle en traversant l’espace urbain ou en parcourant certains sites naturels.
L’organisation spatiale de nos villes et de nos territoires doit permettre l’expression de ces propositions artistiques en favorisant leur accueil. La fragmentation des espaces pour satisfaire aux objectifs fonctionnels (…) ou pour générer des recettes pour la collectivité ne doit pas être un obstacle à la production d’événements artistiques. L’espace public doit accueillir ce qui peut devenir une fête des sens, de l’émotion, de l’esprit et du partage (…)
Ce travail en commun additionne les forces de tous les intervenants : les artistes, les services des collectivités locales, les techniciens, l’ensemble des services publics qui œuvrent à la réalisation de ces propositions artistiques. La médiation avec le territoire passe par cette participation très pragmatique de nombreux intervenants.
Investir l’espace public par un acte artistique est souvent vécu comme l’exercice d’une liberté inaliénable. Notre société a cependant développé le besoin de se sentir en sécurité en toute circonstance. Les événements culturels, comme toute autre activité, sont soumis à des règles.(…)
Après l’événement, dès le lendemain, l’espace occupé par la proposition artistique retrouve ses activités habituelles. Il reste cependant ce moment de rencontre du public avec une œuvre sensible, poétique et porteuse d’humanité. C’est une graine plantée qui, en se développant, peut contribuer à faire rempart contre l’intolérance et le repli sur soi. »

 

Philippe Krebs : Auteur – Metteur en scène

Né à Metz, Philippe a grandi avec son père (fondateur du centre Emmaüs de Forbach) dans une ambiance de soupe populaire et d’objets hétéroclites .

Éditeur de livres et de revues d’art pendant dix ans ( la Revue et les éditions Hermaphrodite).
Organisateur d’un festival nomade de performances poétiques (Teranova) présidé par Fernando Arrabal, avec Bernard Lubat et de nombreux artistes de théâtre de rue, des musiciens, des poètes, …
Un temps spécialiste du groupe Panique (Topor, Arrabal et Jodorowsky)
Auteur d’un livre de correspondances « Grande est la puissance du rire » avec le peintre turc Yüksel Arslan, du bookleg 100 bonnes raisons de faire de la poésie ( aux éditions Maelström), d’articles pour le livre « Le Rire de résistance » de Jean – Michel Ribes pour le théâtre du Rond-Point (éditions Beaux Arts) .
Artiste-peintre en urbex en France et en Afrique (Bénin, Sénégal).
Cordiste, formateur professionnel pendant quinze ans en France et à l’international, co-responsable de l’entreprise Green Up et de formation aux
métiers de la hauteur du Greta Ardèche Drôme.